Voyance - arts divinatoires
Dès sa venue sur Terre, l’homme a essayé de savoir si les actions qu’il allait entreprendre – partie de chasse, récoltes, guerre avec les peuplades voisines – seraient couronnées de succès. S’il consultait une puissance extralucide, c’était surtout pour qu’elle lui confirme, par la voyance, la justesse de son entreprise. Les peintures et les gravures rupestres sont là pour en témoigner. La racine du terme « divination » indique qu’il s’agissait de consulter des entités surnaturelles, d’un contact ave une divinité. Ce n’est que plus tard que le sens du mot divination s’élargit et désigna les moyens pour connaître l’avenir ou pour vérifier la vérité d’un événement.
Rêves prémonitoires, voyance pure, interprétation du vol des oiseaux, des mouvements des intestins de l’animal sacrifié aux dieux (Cicéron parle également d’entrailles humaines), direction du vent, forme des nuages, forme des flammes : tout était bon pour interpréter et dévoiler le futur. Dans le dixième chant de l’Odyssée, Homère raconte que Circé, magicienne fille du Soleil, métamorphosa les hommes en pourceaux avant de proposer à Ulysse des pratiques cérémonielles pour retrouver son île natale. Emmenant avec lui un bélier et un mouton noir, Ulysse pénétra dans le Royaume des morts afin de demander un oracle à Tirésias, le célèbre devin grec. Dès qu’il sacrifia les animaux, l’ombre du grand devin lui apparu : le spectre but le sang des bêtes et trouva la force de parler. Ce sacrifice solennel comprenant l’évocation des morts, qui était célébré dans un but divinatoire et selon un rituel très ancien, fut longtemps utilisé par les « psychagogues » (ou évocateur) et par les voyantes nécromanciennes ( la nécromancie est une forme de divination fondée sur l’évocation des morts).
Il ne fait aucun doute que les sacrifices comportaient souvent l’immolation d’êtres humains. Le magicien Apollonios de Tyane, ami de Nerva, qui succéda à Domitien, fut accusé par ce dernier d’avoir tué un adolescent pour célébrer des rites magiques propices à Nerva (Le grand magicien grec fut emprisonné et enchaîné, mais disparut mystérieusement pendant le procès).
Virgile, auteur de l’Énéide, avait également des dons de magicien.
Gervais de Tilbury raconte dans ses carnets de voyage, qui datent de l’année 1100 environ, que Virgile avait fait placer deux têtes de pierre à l’entrée de Naples : une souriante, l’autre à l’air sinistre. Le voyageur qui pénétrait dans la ville en passant près de la tête souriante arrivait à menait à bien toutes ses affaires, alors que celui qui côtoyaient la tête sinistre devait connaître toutes sortes de malheurs.
Virgile avait également inventé un engin divinatoire appelé « Salvatio Romae » : sur le Capitole, dans le temple consacré à Jupiter, il avait fait construire soixante-douze statues (correspondant au nombre des provinces romaines), portant chacune un grelot autour du cou. Si une rébellion venait à troubler l’une des provinces, le grelot commençait à tinter et prévenait le Sénat du danger.
Les Assyriens pratiquaient également la magie à des fin politiques et stratégiques.
Chaque général avait ses aruspices, sortes de prêtres chargés de prédire l’avenir et d’interpréter les cérémonies divinatoires. Si, par exemple, l’armée en marche perdait son chemin, le roi lançait une flèche sans pointe (appelée flèche mantique) et les magiciens interprétaient sa chute. La Bible parle de ce rite : « le roi s’arrête à une bifurcation afin d’interroger les auspices : il agite les flèche, interroge les idoles, scrute le foie des animaux » (Ézéchiel, XXI, 21).
Toute l’histoire de la divination et de la voyance est caractérisée par ces rituels à but pratique, destinés à prévoir les mouvements de l’ennemi et à déterminer des actions stratégiques. Des mantiques (nom commun traditionnel pour les techniques de voyance) comme la lecture de la main ou des Tarots, souvent destinées aux simples divertissements, de son que des formes inférieures des arts divinatoires de la voyance. Les grands chefs persans – Darios, Xerxès, Artaxerxès – étaient toujours accompagnés de leurs magiciens, prêts à intervenir avec leur art contre les phénomènes physiques menaçant le sort des campagnes militaires, ou à tirer des présages des rites sacrificiels ou des étoiles. Ostanès, le magicien de Xerxès, est resté célèbre pour sa connaissance des formules destinées à invoquer les forces planétaires. Plus récemment, l’astrologue indien Ghosh (1872 – 1950), après des études en Angleterre, se consacra à l’étude de la magie et du surnaturel dans le but d’influencer l’avenir politique de l’Inde.